Plus Bernard Clavel écrit, plus ses récits se resserrent. Il ne se laisse plus emporter dans de vastes fresques, mais va à l’essentiel, avec une grande économie de moyens : trois ou quatre héros, pour dire la vie, la mort, écrit dans le Grand Nord québécois.

Moos et Waboos parcourent la Taïga avec un traîneau et trois chiens. Ils posent des pièges un peu partout et s’aperçoivent au retour qu'ils sont relevés par un visiteur mystérieux. C’est le carcajou, " l’animal le plus rusé qui soit, le plus féroce aussi. Il s’attaque même à l’orignal, même à l’ours gris… C’est le diable.

La grande terreur des trappeurs, c’est de le savoir dans la forêt, car rien ne lui résiste. "

Alors entre le Carcajou et Waboos va s’engager une lutte à mort.

Extrait d’un article de presse, mai 1996 :

« Le carcajou est un conte comme peu d’écrivains savent encore en écrire. D’une grande pureté de construction, de style, il irradie d’une lumière qui rend chaque page superbe, indispensable. Serti comme un bijou, il n’est pas figé, comme un chef d’œuvre, mais plein de vie, de mouvement. On le croirait jailli, tel quel, dans sa perfection, sous la violence d’un choc –une vision, une émotion. Les mots y claquent au vent de la steppe et nous en rapportent, avec une précision singulière, un vrai vertige, saveur, éclat et peur. Jamais Bernard Clavel n’est allé aussi loin dans l’art de conter, simplement, une aventure à la fois symbolique et prodigieuse.

Accompagné de poses lyriques sur la taïga, sur les vieux, sur le vent, sur la neige, sur le loup, l’ours ou le carcajou, le récit est si sobre et si éclatant de Bernard Clavel contient sa part de sagesse. Le rêve et la philosophie, entre les deux la poésie : tout cela tient en peu de pages, mais extraordinaire.

À l’arrière-plan du roman, présence invisible mais maléfique, l’homme blanc pèse sur la vie des Indiens que Bernard Clavel admire et qu’il sait faire aimer, dès les premiers instants.

Toute un nostalgie de pureté se dessine, en contrepoint d’un tableau de la nature, la plus sauvage, la plus primitive. »

Clavel a écrit un petit poème sous forme de ritournelle pour les enfants :

Le carcajou du Canada

Ce n’est pas un caribou

Ce n’est pas un chat ni un rat

Encore moins un sapajou

Alors dis-moi c’que c’est

Entrons dans la danse

Alors dis-moi c’que c’est

Partons en vacances

Le bouquetin de Malaga

Ce n’est pas un marcassin

Ce n’est pas un chat ni un rat

Encore moins un turbotin

Alors dis-moi c’que c’est

Entrons dans la danse

Alors dis-moi c’que c’est

Partons en vacances

Enfin vous trouverez ici un lieu sur cet animal féroce.

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