" Mes romans prennent souvent leur source dans une rencontre avec un lieu, un personnage ou un événement.

Ici, la source est triple. Le Rhône d’avant la canalisation. Une femme, plus robuste que bien des hommes, que l’assassinat de son fils va métamorphoser en tigresse assoiffée de justice. Une " rencontre " avec un brigadier de police qui m’a fait prendre conscience des dangers que peut courir tout citoyen honnête face à ce qu’il faut bien appeler un mauvais flic.

Les morts des commissariats ne sont pas une légende. C’est en pensant à eux que j’ai raconté cette histoire dont je sais qu’elle est chargée de colère et de douleur. J’aimerais qu’elle est la violence du fleuve en crue qui tournait les pages à mesure que j’écrivais. "

" Je reviens au Rhône dont j’avais besoin ; il y a des personnages —et le Rhône pour moi est un personnage- qui vous marquent tellement profondément qu’on a besoin d’y revenir dans sa vie, et puis ce Rhône en crue, tout cela m’habitait. J’avais envie de le mettre en colère. "

Bernard Clavel

Extrait d’un article de presse, juillet 1997 :

« Le romancier montre cette escalade de violence à coups de détails concrets : la veillée funèbre, le curé qui bénit, la visite du maire. Plus tard, une fourgonnette, une corde, un piolet. La Guinguette fera justice de ses mains, sans faillir. Le récit est poussé par un vent de cruauté, comme la barque de cette Mère Courage. Elle dérive lentement, prend de la vitesse et explose en fracassant tout sur son passage. »