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InspirŽe par la premire sŽdition des canuts qui, sous Louis XIV, trempa de sang les pavŽs du Vieux Lyon, cette RŽvolte ˆ deux sous nous conte le soulvement dĠun prolŽtariat de tisserands contre les exploiteurs capitalistes qui lĠoppriment.

 

CĠest un prŽtexte ˆ chanter Lyon avec son Rh™ne fougueux qui sŽpare la ville en deux, avec son pont ˆ pŽage, son petit peuple de manouvriers dont les mŽtiers sont aujourd'hui relŽguŽs au musŽe des arts et traditions populaires, ses bourgeois cauteleux ou courageux et son prince qui rŽgentait toutes les activitŽs, y compris la justice.

 

La fibre violente et romanesque tient dans lĠactivitŽ de ce Pataro, sorte de Quasimodo Žtrange et abject, infirme aux pattes de faucheux, mendiant qui entasse son or dans une cachette, damnŽ qui ne se me au service de la RŽvolution que pour la trahir aussit™t, dompteur qui asservit les rats, les oiseaux et utilise ses chats comme messagers. Une crŽature pareille ne sĠinvente pas, Bernard Clavel sĠest inspirŽ dĠun indien estropiŽ aperu ˆ Calcutta pendant la guerre du Bangladesh. Pataro transporte ses animaux dans une caisse ; cĠest un spectacle que les gens de la PrincipautŽ ont en permanence sous les yeux et qui attire les voyageurs. " JĠai pensŽ aussi ˆ ce vieux bonhomme qui avait des animaux comme lui. Il habitait une cave du vieux Lyon, mais qui cherche chez moi la ressemblance risque dĠtre fort dŽu, la seule rŽalitŽ que je souhaite imposer est la rŽalitŽ romanesque. "

 

Bernard Clavel nous livre ici la variante dĠun thme qui lui est cher, la fragilitŽ de lĠhomme devant lĠadversitŽ du monde. Pataro en se montrant indispensable (il permet la contre rŽvolte en sauvant de la mort les notables de la ville), fait preuve Žgalement de sa misre et de sa bassesse. Sa principale motivation est lĠargent. Il nĠaime que ses btes, mais le lecteur sĠattache ˆ lui et apprŽhende douloureusement la " colre du fleuve " qui prŽcipite inŽluctablement Pataro ˆ sa perte. Il est comme Clavel, il aime le Rh™ne, et consolons-nous en pensant quĠil a eu une fin qui lĠhonore. Elle le purifie et le sauve de sa perversitŽ.

 

Bernard Clavel est inimitable dans ses descriptions de la ville surchauffŽe ou inondŽe, dans celles des mouvements de foule, du fleuve frontire entre les deux mondes, des courses de Pataro dans les traboules et les ruelles. Il reconstitue tout un monde.

 

(extraits dĠarticles de presse, mars 1992)