Encore plus quĠun voyage initiatique, davantage quĠune histoire dĠamitiŽ entre un jeune garon et un taureau, Brutus est surtout et avant tout un pamphlet contre la guerre et rappelle en cela la Ç Lettre ˆ un kŽpi blanc È.

 

Tout au long de ce rŽcit dur et amer contre la brutalitŽ de lĠhomme, Clavel laisse entrevoir sa lueur dĠespoir pourtant vaine envers lĠhomme et son refus dĠaimer son prochain.

 

Brutus, ce nĠest pas le taureau, cĠest lĠhomme, la brute ˆ lĠŽtat pur, celle qui terrifie, qui tue, fait souffrir et martyrise.

 

CĠest un constat de refus que Clavel veut ici prŽsenter. La religion chrŽtienne aide lĠhomme dans sa t‰che. Elle le soutient dans sa vie et elle devient lĠinstrument de sa perte. Il y a donc des hommes qui se croient au-dessus des autres et qui ont sur terre une mission de haine et de terreur. Au milieu, un spectateur innocent, la bte musclŽe, impressionnante mais docile, la bte qui ne dit rien, qui essaie de comprendre les hommes, qui se rapproche du garon parce quĠil sĠoccupe dĠelle, qui reste Žtrangre et non violente, qui fait son travail de bte, qui mange, qui dort et qui marche vers son pays.

 

Brutus, ce sont tous les personnages du livre, mais selon le regard quĠon leur porte, leur message change. CĠest donc les brutes romaines qui tuent. CĠest aussi les hŽros pacifiques, forts et majestueux face au Rh™ne quĠils doivent aussi ma”triser, ils sont dociles, ils ne veulent de mal ˆ personne.

 

Brutus, cĠest aussi le Rh™ne, la force brute et la limpiditŽ.

 

Brutus, cĠest aussi Florent, le jeune garon, il est jeune, ne pense quĠˆ nourrir son taureau, se bat intŽrieurement comme un fauve pour le retrouver quand il sĠŽchappe.

 

 

CĠest aussi enfin un Ç Cri de rŽvolte contre la violence de l'Histoire. Brutus se veut un chant d'amour ˆ la Camargue et ˆ l'impŽtueuse majestŽ du Rh™ne, ce ÇDieu terribleÈ qui Çcontinue de marcher son train sans que nul obstacle jamais ne fasse plier sa volontŽÈ. Et son taureau emprisonnŽ d'incarner, comme avant lui, L'Espagnol ou Amarok, la force presque indestructible de ces tres dŽracinŽs ˆ qui Bernard Clavel depuis prs de quatre-vingts livres ne cesse de rendre dans un style Žpique de vibrants hommages compassionnels. È

Extrait dĠun article de presse, avril 2001.